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L’aérotrain (400 km-h) moyen de transport de l’avenir ne pourra pas dérailler
Première voie expérimentale en construction près de Limours (S.-et-O.)
«La roue est un mécanisme périmé» m’a dit l’ingénieur Jean Bertin.
Cet ingénieur français a dessiné la maquette d’un train révolutionnaire , l’aérotrain, qui vous permettra dans quelques
années d’aller, par exemple, d’Orléans à Paris en vingt minutes.
L’aérotrain ne touche pas le sol. Il repose sur une sorte de matelas d’air, au-dessus d’un rail central en béton. Il pourra
circuler à des vitesses atteignant 400 kilomètres à l’heure.
La première voie expérimentale pour l’aérotrain, de 6 km de long, est actuellement en construction au nord de Limours
(S.-et-O.) sur l’emplacement d’une ancienne voie de chemin de fer désaffectée. Des ouvriers coulent des piliers de béton tous
les six mètres. Dessus sont posés des poutres, également en béton, de 50 centimètres d’épaisseur constituant le rail unique
de l’aérotrain.
Le wagon automoteur, de 10 mètres de long, en alliage léger, est fabriqué de son côté dans une usine près du Bourget. Il
pourra transporter six hommes dont quatre passagers-cobayes. Il s’agit bien entendu d’une sorte de maquette qui servira à
mettre au point toutes les techniques de ce nouveau mode de locomotion.
Le père de l’aérotrain, Jean Bertin, homme à l’esprit inventif, aux gestes enthousiastes, a déjà imaginé aussi bien le moyen
de chasser la brume sur les aéroports (en créant une sorte de couloir d’air chaud à l’aide de turbines d’avions et de
trompes spéciales) que dessiné des aéroglisseurs et cent autres machines astucieuses.
Un véritable coussin d’air
Lui et son équipe m’ont expliqué le fonctionnement de l’aérotrain. Dans leur prototype en construction, deux moteurs Renault
Gordini comprimeront de l’air à l’aide de ventilateurs pour l'envoyer sous le wagon, dans le tunnel où passe le rail.
On crée ainsi un véritable coussin d’air qui supporte, au-dessus du rail, le wagon. Le frottement se trouve ainsi réduit et
permet sans dépense considérable de carburant, les plus grandes vitesses, réalisées à l’aide d’un moteur actionnant une
hélice.
Avantages de ce système :
1 – Sécurité totale : le wagon ne peut dérailler. En cas de panne du système de sustentation, il s’assied sur le rail à
l’aide de patins.
2 – Le voyageur ne ressent aucune secousse, aucun cahot. C’est la douceur de l’avion, mais sans les trous d’air.
3 – La très grande vitesse permet de gagner du temps et assure une rotation plus rapide du matériel, d’où abaissement du
coût au kilomètre.
4 – La voie suspendue de l’aérotrain supprime les passages à niveau, peut traverser des prairies ou des champs sans empiéter
sur les cultures.
Cette simplification de l’infrastructure (elle constitue 80 % du prix de revient dans le chemin de fer) facilitera le
développement rapide d’un réseau de liaisons, indispensable aux grandes cités de l’avenir.
Nicolas SKROTSKY
© France Soir - Novembre 1965
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