Paris Match - 1er novembre 1969





Paris Match - 1er novembre 1969 - Page 61






Paris Match - 1er novembre 1969 - Pages 80-81






Paris Match - 1er novembre 1969 - Pages 82-83






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Je suis avion, voyez mes ailes. Il n'a pas d'ailes et pourtant il vole. Il suit un rail, et pourtant ce n'est pas un train. Aussi lui a-t-on donné un nom hybride : aérotrain. Comme Pégase qui était à la fois cheval et oiseau, aérotrain veut déjà dire vitesse. A 300 km à l'heure, il mettra le pont de la Concorde à trente minutes des bords de la Loire. Depuis quelques semaines, l'aérotrain vole près d'Orléans sur un rail de 18 kilomètres. Il a même déjà réussi à étonner les Américains.


Aérotrain
trois ans d'avance pour la France


Ni train ni avion, mais pourtant les deux à la fois, voici l'Aérotrain français, le premier du monde. Ce reportage exclusif a été réalisé pendant ses premiers essais, près d'Orléans. Son poids : 20 tonnes qui volent à 3 mm au-dessus du rail de guidage sur des coussins d'air. L'hélice carénée de 2,30 m de diamètre (notre photo) l'entraîne à 300 km à l'heure. John Volpe, ministre américain des Transports, a été étonné des premiers résultats : l'Aérotrain français a trois ans d'avance sur tous les autres pays.


Pour parcourir, à 6 mètres au-dessus du sol, ses 18 kilomètres de rail en béton, l'Aérotrain met aux essais 6 minutes. Il atteint, grâce à ses deux turbomoteurs de 1500 CV chacun, la vitesse de 250 km/h en quatre vingt dix secondes. Ses moteurs sont insonorisés et dans sa cabine (80 passagers) on se croirait en Caravelle. Il peut s'arrêter en 1750 mètres. Il est le seul véhicule au monde à disposer de plusieurs systèmes de freinage : inversion du pas de l'hélice, freins à mâchoire sur le rail, deux parachutes de queue en cas d'obstacle sur le rail. Il suffirait de dix-huit mois pour construire la première ligne du centre d'Orléans à la gare d'Orsay ou de Montparnasse. Durée du parcours : trente minutes. Les départs pourraient, à la limite, se succéder chaque minute. Le prix du billet, compte tenu de l'amortissement de toutes les installations, sauf le droit de passage de la voie sur le sol, serait de 12 à 13 centimes le kilomètre.


Comme dans un avion, le sifflement des turbines annonce le départ. Mais il s'apaise très vite pour devenir un ronronnement assourdi comme à l'intérieur de Caravelle : l'Aérotrain est parti. Les passagers ne sentent pas l'appareil se soulever sur ses coussins d'air et ils n'ont même pas l'impression qu'il va vite. Sur des distances "moyennes" de 300 km ou moins, l'Aérotrain représente un énorme avantage sur l'avion. D'abord parce que les avions rapides ne volent pas sur cette distance trop courte, ensuite parce qu'ils ne peuvent pénétrer au coeur des villes. L'Aérotrain est la solution au problème de liaison des grandes agglomérations étouffées par la circulation automobile. C'est à ce titre qu'il intéresse non seulement l'Amérique mais vingt autres pays qui ont envoyé des observateurs pour l'étudier. Ce sera le métro intervilles de 1980.


Légende des photos :

Page 82 : A 250 km/h, son pilote, Graff, consuit l'équipe au complet. De g. à dr., 1er rg, Guienne, Berthelot, Bertin, Kaplan, Du Merle.
Page 83 : En une heure, il va deux fois plus loin que le train japonais Tokaïdo.
Page 84 : L'Aérotrain hors de son rail prêt à entrer au hangar. Entre les deux orifices d'admission d'air, un tunnel de 20 m.
En bout de ligne, sur son terminus provisoire, il s'apprête à faire demi-tour.
Un tronçon de rail de 38 mètres pivote et le remet dans l'axe de départ.


Reportage : Monique VALLS / Photos : André LEFEBVRE

© PARIS MATCH - Novembre 1969



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