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L'AEROGLISSEUR "JEAN BERTIN" : UN GEANT SUR COUSSIN D'AIR
Le "Jean Bertin" est désormais baptisé. Deux cents personnalités des milieux aéronautiques, ferroviaires et maritimes, parmi lesquelles
Mme Jean Bertin, la marraine ; MM. Jean Chapon, secrétaire général de la Marine marchande, Jean Velitchkovitch, vice-président du conseil
d'administration de la S.N.C.F., réunis sous un ciel sans nuage dans le port de Boulogne-sur-Mer, ont rendu un hommage à l'ingénieur de
génie, mort, voici deux ans, au sommet de sa créativité, inventeur de l'aéroglisseur géant qui porte son nom.
Cet appareil, le N500, capable de transporter 400 passagers et 60 voitures à une vitesse de 100 à 130 kilomètres à l'heure au dessus des
vagues, est exploité sur les liaisons Calais-Douvres et Boulogne-Douvres par la S.N.C.F. et la B.R.H.L., filiale des British Railways,
sous la marque "Seaspeed".
Il convient de ne pas confondre l'aéroglisseur avec son presque homonyme l'hydroglisseur. Le second est un navire aux ailes immergées et
aux hélices sous-marines, alors que le premier est un bâtiment amphibie, qui se maintient hors de l'eau, grâce au coussin d'air.
L'appareil exerce une pression dix fois inférieure à celle du pied humain, et cette merveilleuse réussite technique, simple cependant au
point de tirer le meilleur des phénomènes naturels est, parmi tant d'autres, l'œuvre de Jean Bertin. Ce polytechnicien, ingénieur
aéronautique, fut également à l'origine des aérofreins, des aérotrains et naviplanes. Il inventa encore le "turbo-clair" et le
"thermo-soufflant", appareils destinés à éliminer le brouillard et la neige sur les aéroports. Mais le N500 est la première véritable
exploitation commerciale de sa grande idée, le coussin d'air.
Le voyage inaugural a permis de tester les qualités de ce nouveau mode de transports en commun. D'abord une excellente insonorisation,
dès que l'appareil est en mouvement, malgré la rotation, au dessus des passagers, des trois hélices les plus grandes du monde
- 6 mètres 40 - ; ensuite, une bonne climatisation des deux salons, ainsi qu'une visibilité suffisante, par les fenêtres panoramiques.
Enfin, et surtout, la rapidité. Car le N500 rallie l'Angleterre en 30 minutes à peine, à une vitesse de 80 kilomètres à l'heure. Il est
capable d'atteindre les 130 kilomètres à l'heure et de franchir, sans danger, des creux de 2,50 mètres : il peut donc effectuer trois
liaisons dans le temps nécessaire à un car-ferry pour effectuer la traversée.
Son seul défaut réside, sans doute, dans les conditions d'inconfort. En effet, malgré le moelleux des sièges, les passagers passent la
moitié de leur temps en suspension au dessus des fauteuils, en raison du tangage. Mais cet inconvénient est moindre si l'on considère que
le mal de mer dure trois fois moins longtemps qu'à bord d'un car-ferry.
Th. de C.
© LE FIGARO - Juillet 1978
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